Vide et vacuité en esthétique chinoise

Luna et Vivre de paysage, photographie de Dominique Clergue

La forme simple du vide est la pause musicale ou la brume en tant qu’interruption, suspension, dans la continuité visuelle ou sonore ; une forme plus subtile en est ce qui renvoie à un espace sans limites, à l’espace infini, comme la coda en musique ou le prolongement au-delà du cadre en peinture, l’échappée hors du contexte en poésie. L’inachevé provient de ce moment, de cet espace, indéfinis et révélant une pluralité de possibles ; sa supériorité naît de cette absence d’énoncé borné, limitatif, alors virtuellement riche, suggestive.

De l’étude

Détail du dessin de l’École d’Athènes de Raffaello Sanzio, dit Raphaël

Maître So Cho Kun nous rappelle que ’apprentissage traditionnel s’affirme encore aujourd’hui comme un compagnonnage, dont la transmission du savoir repose sur l’engagement de longue durée, l’esprit de recherche, Il faut donner de sa personne et de son temps.

Les principes de la voie

Bruleur d'encens à tête de dragon, falaise à l'extérieur du palais Nanyan Wanshou

Produit et réalisé par le cinéaste et fondateur de Life Arts Media, Gennaro Ambrosino, Opening Dao est un court métrage documentaire sur le taoïsme et les arts martiaux, tourné en Chine en 2009. Des universitaires, des artistes martiaux de haut niveau et des moines expliquent les principes de la voie, un trésor de sagesse qui a survécu à des milliers d’années.

Zhan zhuang et tuishou

Portrait de Ma Hailong

Entretien avec Ma Hailong, à Shanghai en 2016 : Se tenir droit comme un poteau et  mains poussantes.

Souplesse, douceur, quiétude et vacuité

Temple de marbre blanc dédié au Guerrier Parfait Montagne du Cheval Blanc

On doit prendre la douceur et la bonté comme fondation. Douceur cependant ne signifie pas négligence, rigueur ne signifie pas raideur. Le dur et le doux se soutiennent mutuellement, et sont ainsi effectifs et jamais interrompus. La raison pour laquelle cela ne peut être appelé ni dur ni doux est qu’il s’agit d’un tout indivisible et intégral.

Les treize puissances du taijiquan

Huangshan

Le 十三勢 shí sān shì contient les bases et les mouvements essentiels du taijiquan, agencés d’une façon très structurée. C’est l’outil pédagogique par excellence. Il convient le mieux aux débutants car, lorsqu’ils connaissent les treize puissances, l’apprentissage de la longue forme se fait tout naturellement.

Regarde le monde avec un cœur d’enfant

Regarde le monde avec un cœur d'enfant

Il ne sait pas que c’est une statue, il ne sait pas combien elle pèse, mais il a seulement vu qu’il y avait besoin d’une aide. Regarde le monde avec un cœur d’enfant, et la vie deviendra plus belle.

Les montagnes ne sont pas des montagnes

Qingyuan Weixin

Le moine bouddhiste Qingyuan Xingsi (660-740) affirmait qu’avant d’étudier le bouddhisme sous la conduite d’un bon maître les montagnes sont des montagnes et les eaux sont des eaux. Que, parvenu à une certaine vision intérieure de la vérité, les montagnes ne sont plus des montagnes et les eaux ne sont plus des eaux. Mais qu’une fois atteint l’asile du repos, de nouveau les montagnes sont des montagnes et les eaux sont des eaux.

Paroles d’expérience de Tung Ying Chieh

D »aprés une traduction d’Albert Tang

英董傑 Dǒng Yīngjié (1898-1961) est un personnage influent du taijiquan, connu pour être initiateur de l’école de la famille Tung et avoir été un élève distingué de Yang Chengfu.

Le tigre de la montagne

Le moine au tigre, David Livingston

Dans la pratique du kung-fu, le Tigre représente à la fois le printemps, la force et la bravoure chevaleresque. C’est une figure paradoxale, entre protection et attaque, et la dualité de cette symbolique se retrouve dans le taijiquan avec l’absorption (protection) et la restitution (attaque) de l’énergie adverse, pour pouvoir vaincre sans force. On peut alors chevaucher le Tigre et gravir la montagne, l’image d’un pouvoir apaisé des passions.

Geste et puissance

O Senseï Moriheï Ueshiba, le fondateur de l’aïkido.

La pratique des arts martiaux est une pensée. Elle est une manière de reconfigurer ce que nous croyons savoir à propos des évidences les plus élémentaires de notre existence : la vie, la mort, l’espace, le temps, la force, le corps. En pratiquant un art martial, ce ne sont pas seulement les gestes et les mouvements qui changent, mais la manière même de voir le monde – la manière même de le réfléchir. Et si ce que peut un corps consistait d’abord à résister à la tentation de la maîtrise ? Et si atteindre un niveau plus élevé de sophistication dans notre rapport à la force impliquait d’abord de l’abandonner ? Et si la puissance véritable était d’abord une impuissance ?