Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, cet art de la scène né aux alentours du XIIIe siècle, n’a que peu en commun avec la tradition occidentale qui a commencé au XVIIe siècle. L’opéra chinois est un spectacle multiple qui fait appel à une musique bien différente de ce à quoi l’oreille européenne est habituée, mais il y aussi du chant, des parties récitées, une gestuelle précise, de la danse, des acrobaties, un art particulier du costume et des maquillages. En effet, chaque élément à une signification précise que le public chinois connaît et apprécie.
Cet art est né dans la Chine impériale, probablement des échanges avec l’Inde. Les premières traces d’Opéra chinois apparaissant dans une région marchande, typique du commerce maritime avec son voisin du sud. L’Opéra chinois connaît une sorte d’âge d’or sous la dynastie des Yuan (1271-1368), nous connaissons d’ailleurs plus de 150 pièces de cette période, elles sont encore relativement courtes, puisqu’elles sont construites en quatre actes. Sous la dynastie Ming (1368-1644), ils commenceront à pouvoir s’étendre sur plusieurs jours.
Depuis l’époque des Yuan, ces opéras et ceux qui sont nés ensuite sont sans cesse adaptés tout au long des siècle. Le répertoire contient des pièces historiques, des histoires d’amour difficile, des pièces où les bonnes gens luttent contre les bandits, des légendes… Outre les signes, le public connaît ces histoires et sait les apprécier. Le divertissement vient du travail de l’acteur et la qualité du chant. Les chinois écoutent un opéra davantage qu’ils le voient, comme le fait l’Occident.
Il y a des constantes dans l’art de l’opéra chinois qui se retrouvent partout dans le pays. Tous les rôles sont classés de façon semblable, les rôles de femmes, d’hommes, de clowns et de « visages peints ». Ces catégories se divisent elles-mêmes en un grand nombre de subdivisions. Les costumes sont les mêmes, quelle que soit l’époque. C’est eux qui indiquent le statut social du personnage. Par exemple, les hauts fonctionnaires portent des robes ornées de broderies, un dragon sur le corps et des vagues sur le bas. Les femmes vertueuses ont une longue veste noire brodée d’un galon bleu… La gestuelle est fixe, tel mouvement va à tel personnage. Les façons d’exprimer les sentiments sont aussi codifiées en fonction de chaque personnage.
L’Opéra chinois se refuse à toute forme de réalisme. « A quoi bon reproduire ce qu’on peut voir dans la rue ? », scande un dicton d’acteur. Rien n’est laissé au hasard, aucun geste n’est pas dansé, aucune parole n’est parlée, car même dans le cas où le personnage récite, la voix naturelle de l’acteur ne doit pas transparaître, seulement celle de son personnage !
瓯剧 Ōujù, à l’origine connu sous le nom de 温州 乱弹 Wēnzhōu luàntán ou 永嘉乱弹 Yǒngjiā luàntán, est une forme régionale d’opéra chinois du comté de Yongjia, Wenzhou dans le sud-est de la province du Zhejiang.
Wenzhou est le berceau du 南戲 Nánxì, une forme d’opéra chinois du 12e siècle. La forme la plus ancienne de l’opéra Ōu, cependant, n’a émergé qu’après la fin de la dynastie Ming au 17e siècle, lorsque les styles de chant du 高腔 Gāoqiāng ont gagné en popularité dans le sud du Zhejiang. Le style luantan est arrivé plus tard et a été coopté par les locaux dans leurs performances avec le Gaoqiang et le Kunqiang. Au début, les représentations avaient lieu sur les scènes des temples uniquement lors d’occasions spéciales telles que le festival religieux Nuo d’un mois, les foires au temple, les courses de bateaux-dragons sur la rivière Ou, les mariages, les récoltes ou d’autres célébrations. À mesure que la demande augmentait dans toute la région, plusieurs agriculteurs-artistes du comté de Yongjia sont devenus des artistes à plein temps. Au milieu de la dynastie Qing, ils ont également interprété l’opéra Hui, le 灘簧 Tān huáng, un précurseur de l’opéra Xi, et le 時調 Shí diào. Parce que le luantan s’est avéré le style vocal le plus populaire, il a dominé la forme qui est progressivement devenue connue sous le nom de Yongjia luantan ou Wenzhou luantan.