L’Ă©criture occupe une place centrale dans la culture chinoise et la poĂ©sie a toujours occupĂ© le premier rang parmi les modes d’expression. LettrĂ©, Ă©crivain et poĂšte y sont des termes interchangeables, qualitĂ©s dĂ©terminant la valeur d’un homme. Les examens impĂ©riaux Ă©taient basĂ©s en grande partie sur la maitrise de l’Ă©criture.
La production poĂ©tique de la dynastie Tang (ćæ T’ang 618 â 907) est considĂ©rable : on compte dans la PoĂ©sie complĂšte des Tang quarante huit mille neuf cents poĂšmes de plus de deux mille auteurs.
Li Bai, Du Fu et Bai Juyi sont les poÚtes les plus célÚbres. Meng Haoran et Wang Wei sont deux autres auteurs importants de cette dynastie.
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Le poĂšme de Li Bai, Vent d’automne, nâest pas des plus connus. Câest une chanson dâamour sur la nostalgie de lâĂȘtre aimĂ© que lâautomne rend encore plus douloureuse.
Le contenu est relativement banal et renferme de nombreux lieux communs associĂ©s au sujet : lâautomne (ç§ qiĆ«), saison traditionnellement associĂ© Ă la mĂ©lancolie ; la brise froide ; la lune brillante (ææ yuĂš mĂng) en automne, qui rĂ©pand une clartĂ© glaciale ; les feuilles (è yĂš) mortes, les oiseaux rĂ©veillĂ©s par le clair de lune, les croassements que le lecteur imagine, la longueur de la nuit, etc.

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Trois, cinq et sept mots
Vent frais dâautomne,
lune brillante dâautomne.
Les feuilles mortes se rassemblent puis sâĂ©parpillent.
Les corbeaux transis se reposent puis sâeffarouchent.
Qui sait quand viendra le jour des retrouvailles et de lâamour ?
En cet instant, en cette nuit, câest lâĂ©motion qui me tourmente.
Traduction d’Anne-HĂ©lĂšne Suares
Lâimage des feuilles mortes qui se rassemblent puis sâĂ©parpillent, ainsi que celle des corbeaux que se rĂ©unissent sur les arbres puis se rĂ©veillent en sursaut et sâenvolent fait rĂ©fĂ©rence Ă la prĂ©caritĂ© des rencontres des deux amants, qui peuvent avoir Ă se sĂ©parer brusquement, comme les feuilles par un coup de vent ou les corbeaux rĂ©veillĂ©s par le soudain clair de lune.
Les images de nuit dâautomne sont courantes dans les poĂšmes dits de gynĂ©cĂ©e, qui parlent souvent de la solitude de la femme, de lâattente vaine de lâĂȘtre aimĂ©, de la perte de la jeunesse, etc., Ă travers certaines images qui suggĂšrent la froideur, comme le clair de lune, la rosĂ©e glaciale ; ou bien des sons, comme les gouttes de la clepsydre, le crissement des grillons, etc.
La forme de ce poĂšme est originale, voire exceptionnelle dans la poĂ©sie du VIIIe siĂšcle. Trois, cinq et sept mots fait rĂ©fĂ©rence au fait que le premier distique soit fait de vers trisyllabes, le deuxiĂšme de vers pentasyllabes, et le troisiĂšme de vers heptasyllabes. Ătant donnĂ© quâen poĂ©sie chinoise classique les mots sont normalement monosyllabes, cela donne ce quâannonce le titre, des vers de trois, de cinq et de sept paroles.
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Le guqin, littĂ©ralement instrument Ă cordes ancien, ou qin, est un instrument de musique traditionnel chinois Ă cordes pincĂ©es de la famille des cithares (äžèŻç”æšć ZhĆnghuĂĄ xiĂĄn yuĂš qĂŹ).
Un gentilhomme ne se sépare pas de son qin ou de son se sans bonne raison.
Classique des rites
Il est jouĂ© depuis les temps anciens, et fut traditionnellement apprĂ©ciĂ© et considĂ©rĂ© par les lettrĂ©s comme un instrument raffinĂ©, d’une grande subtilitĂ©. Les Chinois font parfois rĂ©fĂ©rence au guqin comme le pĂšre de la musique chinoise ou l’instrument des sages.

Le guqin est un instrument au son doux, dotĂ© d’une tessiture de quatre octaves. Ses cordes Ă vides sont accordĂ©es dans le registre des basses et son degrĂ© le plus bas est de deux octaves sous le do, Ă savoir la mĂȘme plus basse note que le violoncelle. Le son est produit en pinçant les cordes, Ă vide, en les appuyant sur la touche ou en utilisant des harmoniques. L’utilisation du glissando lui confĂšre un son rappelant le pizzicato du violoncelle, la contrebasse fretless ou encore la guitare slide. L’instrument est capable d’un grand nombre d’harmoniques, dont 91 couramment utilisĂ©es et indiquĂ©es par des points sur la touche. Traditionnellement le guqin avait Ă l’origine cinq cordes, mais d’autres qin en possĂ©dant 10 ou plus ont Ă©tĂ© trouvĂ©s. Sa forme moderne a Ă©tĂ© standardisĂ©e il y a deux millĂ©naires.
- Forme et contenu
- Liliane Liao
- L’art du Qin. Deux textes d’esthĂ©tique musicale chinoise, Georges Goormaghtigh
- Une étude complÚte de la cithare chinoise
- Style et histoire du Guqin
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