Ne mettez pas de puissance dans la forme, laissez-la surgir naturellement de la forme

Source: Don’t put power into the form, let it naturally arise from the form, un article de Graham Barlow

Je ne sais pas s’il s’agit d’une citation célèbre d’un ancien maître, ou si c’est quelque chose que Wayne Hansen a pensé de lui-même, mais il l’utilise dans sa signature, et je réfléchissais à cette phase récemment:

Ne mettez pas de puissance dans la forme, laissez-la surgir naturellement de la forme.

C’est une bonne citation, parce que c’est absolument vrai !

J’examinais la forme de quelqu’un récemment et la chose importante que j’ai remarquée, c’est qu’il essayait de donner de la puissance aux mouvements, plutôt que d’accepter que les mouvements soient d’eux-même puissants et qu’ils n’aient besoin de rien de plus pour fonctionner. En fait, lorsque vous essayez de rendre les mouvements du tai-chi-chuan puissants, vous vous trompez parce que vous revenez inévitablement à une utilisation musculaire tendue et isolée, au lieu d’user d’un flux fluide de puissance connectée, tel une rivière.

Je pense que je devrais mentionner ici que je ne parle pas des explosions de puissance que l’on voit généralement dans les formes de style Chen. Celles-ci sont différentes. Je parle plutôt des mouvements qui fondent en général le
tai-chi-chuan de style Yang et de ses variations; ceux ci optent pour une forme lisse avec un rythme uniforme.

Cependant ce que cette citation ne fait pas, c’est d’expliquer comment le faire. Le
tai-chi-chuan regorge de ces paroles mystérieuses, avec très peu d’explications, alors décomposons celle-ci et voyons ce qu’il en est.

放鬆 fàng sōng

Premièrement, dans le tai-chi-chuan, nous sommes fréquemment exhortés au fang song ou à être «relax» comme on le dirait en anglais. Nous savons tous instinctivement qu’un corps détendu peut être un corps puissant. Pensez à la lourdeur qu’un petit enfant peut avoir s’il se laisse aller tout mou. De même, la poigne du bébé est étonnamment puissante, mais non tendue.

Être trop tendu entraîne une sorte de force rigide et fragile. C’est fort, mais ce n’est pas profond. Cela a tendance à rester en surface, comme la glace sur un lac, mais lorsque l’on traverse la surface, dessous ce n’est que de l’eau. La relaxation peut ressembler davantage à de la glace de mer épaisse.

Mais pour être puissant, un corps détendu doit être un corps coordonné. Sur un plan purement mécanique, il s’agit de bouger pour que la puissance coordonnée du corps arrive au bon endroit au bon moment. Il ne sert à rien de frapper avec juste le bras, mais si vous pouvez coordonner votre corps de manière à ce que les jambes, les hanches, le torse et le bras travaillent – arrivent – ensemble, cela crée une sorte de puissance corporelle qui repose très faiblement sur de la tension. . Mais ce n’est toujours pas toute l’histoire.

Cette impression de couler

Ce type de puissance corporelle en soi ne suffit pas. La prochaine étape consiste à s’habituer à couler dans les mouvements. Couler – le fait de relâcher le poids du corps dans le sol en se relaxant – permet paradoxalement à l’énergie qui vient de la terre de pénétrer dans les mains. Elle se déplace généralement vers le haut et vers l’extérieur, ce que fait ce 掤勁 péng jìn pour lequel le tai-chi-chuan est célèbre. Tous les mouvements du tai-chi-chuan doivent contenir ce péng jìn.

Je lis souvent des critiques de cette méthode, de personnes qui croient que « pousser des jambes » serait trop lent, mais franchement, ils ne savent pas de quoi ils parlent..

C’est vrai, les jambes sont très sollicitées, mais quand vous coulez efficacement, que vous laissez tomber votre poids, ce n’est pas un mouvement physique. C’est un mouvement interne. Et la puissance du sol arrive instantanément entre vos mains, il n’y a donc aucune lenteur.

Une fois que vous avez pris l’habitude de couler, vous pourrez le sentir. Il faut de la pratique, probablement une pratique quotidienne pour l’obtenir. Voila pourquoi vous faites la forme tous les jours. Chaque jour, vous pratiquez des mouvements dans lesquels vous relâchez votre poids et mettez la force du sol entre vos mains.

Rappelez-vous, les mouvements eux-mêmes sont puissants – vous n’avez pas besoin d’ajouter de la puissance. Vous devez plutôt apprendre à vous détendre, à coordonner vos mouvements et à comprendre votre ‘énergie’.

Il suffit de regarder cette photographie de Yang Cheng Fu ci-dessus.

Il l’a.

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