Sabres

柳葉刀 liǔyèdāo

Le liǔyèdāo est la forme la plus courante de sabre chinois des dynasties Ming et Qing. Ils se présentent sous de nombreuses formes et tailles : certains sont presque droits avec seulement une courbe très douce, tandis que d’autres sont plus profondément incurvés. Ils sont disponibles en variétés étroites et larges et présentent une grande variété de conception de lame, avec différentes configurations de rainures, de biseaux et de profils de lame. Certains sabres de courbure liǔyèdāo ont des noms alternatifs basés sur le profil ou la section transversale de la lame.

苗刀 miáodāo

苗刀 miáodāo, littéralement sabre ( 刀 dāo ) de pousse (苗 miáo), désigne historiquement un type de lame étroite et légèrement incurvée sur les sabres à une main et à deux mains.

Dans les cercles d’arts martiaux actuels, le treme miáodāo est exclusivement associé à un grand sabre à deux mains,.

Naturellement, car le sabre étroit à une main, également connu sous le nom de 柳葉刀 liǔyèdāo, est progressivement tombé en désuétude peu de temps après la chute des Qing. Il a été remplacé par l’emblématique 牛尾刀 niúwěidāo que l’on voit dans les mains de tous les artistes martiaux des années 1930, et donc le seul sabre étroit qui restait en usage était la longue variété.

Sources historiques des sabres longs

Les grandes épées à deux mains sont bien connues en Chine. L’idée est venue des ōdachi japonais (大太刀 dài tài dāo) aux mains des armées de pirates qui ont attaqué les zones côtières au 16e siècle. Leurs armes et leurs tactiques étaient largement basées sur celles des rônins dans leurs rangs, des samouraïs sans maître qui avaient fui le Japon ravagé par la guerre civile en échange d’une vie en mer.

Le général Ming Qi Jiguang (戚繼光 1528-1588) adopta ces sabres dans ses armées et a réussi à combattre les pirates. Le sabre long devait rester dans l’arsenal chinois jusqu’au 20e siècle.

Aussi omniprésent que soient les sabres longs depuis le XVIe siècle, le terme miáodāo n’est jamais mentionné dans les écrits officiels de la période ni de la dynastie Ming ni de la dynastie Qing. Au cours de la dynastie Ming, les grands sabres à deux mains étaient généralement appelés 單刀 dāndāo, 長刀 chángdāo, 倭刀 wōdāo ou 窩刀 wōdāo, ces deux derniers signifiant sabre de style japonais.

Au milieu de la dynastie Qing, ils avaient évolué en sept types distincts dont cinq qui sont restés en usage jusqu’à la période Jiaqing (1796-1820). À l’époque de Guangxu (1875-1908), le seul long sabre qui restait en usage était le sabre de style) japonais wōdāo. En effet, même sur de nombreux longs sabres de la dynastie Qing, l’influence japonaise est toujours forte.

L’exemple ci-dessus a encore un certain nombre de caractéristiques japonaises :

  • une enveloppe avec des croisements, et pas de boucle centrale,
  • une lame à section striée comme le katana japonais,
  • une garde de style tsuba, avec même un petit trou imitant le hitsu-ana sur la tsuba japonais.

Première mention du miáodāo

Le nom miáodāo n’apparaît par écrit qu’après la chute de la dynastie Qing. A priori, le seul texte d’arts martiaux qui le mentionne est de l’ère républicaine : le Sabre de défense unique (單戒刀 dān jiè dāo) de Jīn Yīmíng (金一明) publié en 1932.

Il décrit un certain nombre de dāo dont deux types de miáodāo :

Le caractère 苗 miáo, pousse, jeune plant, dans 苗刀 miáodāo faisait référence à la forme élancée et légèrement incurvée de la lame, qui ressemble à une pousse de riz.

Du wōdāo au miáodāo

Au cours de la période Guangxu le seul grand sabre qui était produit à grande échelle était le 倭刀 wōdāo. Les écrits officiels utilisent les caractères 倭 et 窩, tous deux prononcés wō. Les deux évoquent une parodie des Japonais en se référant aux nains, bandits et repaires de bandits.

La situation est devenue plus sombre après la première guerre sino-japonaise de 1894-1895, la participation des Japonais à la bataille de Pékin pendant le soulèvement des Boxers en 1900, et à nouveau des tensions croissantes au début des années 1930 qui ont finalement conduit à la création du Mandchoukouo. Le Mandchoukouo est un État indépendant de jure, mais mis en place et contrôlé en réalité par l’Empire du Japon au nord-est de la Chine et ayant existé de 1932 à 1945. Les forces japonaises étaient maintenant devenues une force de combat moderne, capable et de plus en plus agressive et expansive.

Il est compréhensible que les Chinois, avec un regain d’intérêt pour leurs propres arts de combat, aient cherché à dissocier leur long sabre des Japonais.

À la même époque, pour la même raison, les Japonais ont changé le nom de leur art national de combat, le karaté, de 唐手 « main chinoise » à 空手 « main vide », balayant ses origines chinoises sous le tapis.

牛尾刀 niúwěidāo

Le sabre à queue ( 尾 wěi ) de bœuf (牛niú) est une forme tardive de sabre chinois qui a été développée dans les cercles civils du nord de la Chine vers le milieu du XIXe siècle. Son introduction est intervenue à un moment où les armes à feu avaient rendu les armures obsolètes.

Sa lame s’aplatit et s’élargit considérablement près du point de percussion, ce qui le rend efficace pour les coupes profondes contre des cibles molles et non blindées. Cette conception a rendu le niúwěidāo très populaire auprès des rebelles et de leurs ennemis lors des troubles sociaux qui ont conduit à la chute des Qing et au chaos qui a suivi la période des seigneurs de guerre au début du XXe siècle.

À la fin du siècle dernier, les épées souples d’arts martiaux du même profil figuraient en bonne place dans la pratique des arts martiaux et les films, établirent le niúwěidāo  dans l’esprit de beaucoup comme l’archétype du sabre chinois.

大刀 dàdāo

Le dàdāo du début de la période républicaine a une large lame qui s’évase vers une pointe coupée. Deux rainures profondes sont découpées dans la lame pour une meilleure maniabilité, l’une s’arrêtant juste avant l’autre, une caractéristique également observée sur de nombreux sabres militaires Qing antérieurs. La poignée possède des quillons typiques en « corne de bélier » et un grand pommeau en anneau. La poignée est en bois, enveloppée d’un cordon en coton, puis recouverte d’un tissu bleu foncé cousu sur les côtés. Cela se voit également sur de vieilles photos montrant des hommes de la 29e armée de route.

En juillet 1937, l’armée impériale japonaise menait des exercices militaires près de Wanping, une ville fortifiée au sud-ouest de Pékin. Le 7 juillet, ils ont affrontés les forces du Kuomingtang (中國國民黨 Zhōngguó Guómíndǎng ) au pont Marco Polo. Le colonel Ji Xingwen dirigeait les défenses chinoises avec une centaine d’hommes de la 29e armée, célèbre pour avoir tenu le terrain avec leur dàdāo  à la main jusqu’à ce qu’une trêve soit négociée. C’est l’événement qui a fait du dàdāo une icône de la résistance chinoise.


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