Takemusu Aiki

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Le livre des transformations cite pour illustrer ce principe de gouvernance, l’inaction de l’Empereur Jaune : Lorsque le clan du Divin Laboureur eut disparu, vinrent les clans de l’Empereur Jaune, de Yao et de Chouen. Ils mirent de l’harmonie dans leurs transformations si bien que les peuples ne se lassèrent pas. Ils furent divins dans les changements qu’ils opérèrent si bien que les peuples furent satisfaits. Quand une transformation était arrivée à son terme, ils la modifiaient. […] Ces transformations étaient fondées sur les deux énergies fondamentales de l’univers, k’ien et kouen, le Ciel et la Terre.  Pour les opérer, ces sages souverains siégeaient paisiblement sans bouger et toutes les choses s’ordonnaient d’elles-mêmes grâce à leur inaction52. La dernière phrase de cet extrait doit particulièrement retenir notre attention. Les descriptions qui la précèdent pourraient nous induire en erreur. Nous pourrions en effet y voir une méthode consciente de régler les affaires de l’Etat et par extension toute action humaine : Ils mirent de l’harmonie dans leurs transformations, ces transformations étaient fondées sur les deux énergies fondamentales de l’univers, k’ien et kouen, le Ciel et la Terre. Or toutes ces actions ne sont que le produit, le surgissement inconscient d’une seule et unique méthode, le « non-agir ». Pour les opérer ces sages souverains siégeaient paisiblement sans bouger et toutes les choses s’ordonnaient d’elles-mêmes grâce à leur inaction. Ce laisser-être, laisser-faire, donne libre cours à la gouvernance vivante du Ciel qui a pour vertu de guider les dix mille choses en une concordance parfaite. Ce principe est illustré par Ueshiba sous une forme symbolique : l’émergence sur la terre ▢, par la vertu de se tenir sur le pont flottant , de l’âme céleste △ ou, comme il la nomme également, de l’âme commune.
52 – Yi king : Le Livre des transformations de Richard Wilhelm , préface et traduction d’Etienne Perrot

Traversi Bruno in Takemusu Aiki, V1

Le livre que Ueshiba à écrit à la fin de sa vie

Cet ouvrage essentiel n’avait jamais été traduit en aucune langue. L’importance de l’ouvrage est signalée dans la préface par son fils, Ueshiba Kisshomaru : « Parmi l’abondance des livres sur l’aïkido, Takemusu Aiki est l’œuvre qu’il faut toujours garder sur soi car il exprime sans détour l’esprit du vénérable Morihei. » Takemusu Aiki est donc l’ouvrage de référence pour tous les pratiquants d’aïkido, écrit par Ueshiba pour expliquer l’aïkido aux générations futures. Ueshiba y présente ses expériences martiales et spirituelles à l’origine de son art. Il explique ses capacités extraordinaires de clairvoyance, relate la genèse de sa méthode de sabre et de bâton dans un langage syncrétique où se mêlent le shinto, le bouddhisme et les mythes les plus anciens de la civilisation japonaise, tout en relatant ses relations avec le gouvernement, ou encore en décrivant ses combats les plus fameux. De plus, l’édition française, en plusieurs tomes, est accompagnée de nombreuses notes rédigées par des traducteurs universitaires spécialistes de la culture japonaises et pratiquants d’aïkido. Ces notes permettent de comprendre les références que fait Ueshiba à la mythologie japonaise, et au bouddhisme ésotérique dont il était adepte. L’ouvrage est recommandé par Me Tamura:  » C’est avec émotion que je pense à ces textes qui me font retourner au temps où, uchi deshi, j’ai entendu O Sensei exposer ces sujets au dojo, à ces invités et lors de ses voyages. Ces derniers temps, de plus en plus de livres traitant de l’aïkido sont publiés, mais bien peu s’approchent de sa substantifique moelle. Qu’aujourd’hui, l’on puisse avoir accès à un texte aussi essentiel est remarquable. »

Le second volume de Takemsu Aiki, est particulièrement marqué par deux thématiques : la première est une vive critique de la transformation du budo en sport que Me Ueshiba qualifie de « combat de bagatelle », et la seconde est l’explication qu’il donne du rapport entre la technique et la parole (les sons) : avant la pratique, et lorsqu’il faisait les techniques Me Ueshiba faisait certains sons qui rendaient, selon lui, les techniques efficaces. Ses explications nous permettent de retrouver cette pratique du kototama qui n’est plus pratiquée aujourd’hui.

Dans le troisième volume de Takemusu Aiki, Maître Ueshiba présente ses méthodes d’entrainement.


Cercle, Triangle et Carré, de Sengaï

Carré, triangle et cercle, 1819, Sengai
Peinture réalisée par le moine et peintre japonais Sengaï vers 1800 environ, peinture sans titre conservée à l’Idemitsu Museum de Tokyo.

Pour en parler, Les Regardeurs, France Culture, reçoivent l’artiste Evariste Richer et l’historien des religions et spécialiste du zen, Didier Davin .


Sengaï Gibon (1750-1837) faisait partie de l’école de Rinzai, l’une des trois écoles principales du bouddhisme zen au Japon, connue pour son enseignement très extrême, et s’installa au temple Shofukuji à Hakata, sur l’île de Kyushu, premier monastère de la secte zen fondé au Japon (en 1195). Là il développa une pratique de la peinture dans une grande discipline, reflétant sa compréhension profonde du zen. Pour lui, peindre était une chose d’un grand sérieux. « Chaque trait de mon pinceau est l’aboutissement de l’énergie la plus profonde de mon coeur », écrivait-il.

Sengaï fut très admiré, regardé et commenté au XXe siècle par Malraux ou Lévi-Strauss par exemple. Il fut surtout une figure majeure du Zen sur laquelle Daisetz Teitaro Suzuki a beaucoup écrit, ce qui joua sans conteste un rôle important dans l’intérêt porté au zen en Occident. Il est notre regardeur.

1 réflexion au sujet de « Takemusu Aiki »

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