Les montagnes ne sont pas des montagnes

Qingyuan Weixin

Le moine bouddhiste Qingyuan Xingsi (660-740) affirmait qu’avant d’étudier le bouddhisme sous la conduite d’un bon maître les montagnes sont des montagnes et les eaux sont des eaux. Que, parvenu à une certaine vision intérieure de la vérité, les montagnes ne sont plus des montagnes et les eaux ne sont plus des eaux. Mais qu’une fois atteint l’asile du repos, de nouveau les montagnes sont des montagnes et les eaux sont des eaux.

Paroles d’expérience de Tung Ying Chieh

D »aprés une traduction d’Albert Tang

英董傑 Dǒng Yīngjié (1898-1961) est un personnage influent du taijiquan, connu pour être initiateur de l’école de la famille Tung et avoir été un élève distingué de Yang Chengfu.

Le tigre de la montagne

Le moine au tigre, David Livingston

Dans la pratique du kung-fu, le Tigre représente à la fois le printemps, la force et la bravoure chevaleresque. C’est une figure paradoxale, entre protection et attaque, et la dualité de cette symbolique se retrouve dans le taijiquan avec l’absorption (protection) et la restitution (attaque) de l’énergie adverse, pour pouvoir vaincre sans force. On peut alors chevaucher le Tigre et gravir la montagne, l’image d’un pouvoir apaisé des passions.

Geste et puissance

O Senseï Moriheï Ueshiba, le fondateur de l’aïkido.

La pratique des arts martiaux est une pensée. Elle est une manière de reconfigurer ce que nous croyons savoir à propos des évidences les plus élémentaires de notre existence : la vie, la mort, l’espace, le temps, la force, le corps. En pratiquant un art martial, ce ne sont pas seulement les gestes et les mouvements qui changent, mais la manière même de voir le monde – la manière même de le réfléchir. Et si ce que peut un corps consistait d’abord à résister à la tentation de la maîtrise ? Et si atteindre un niveau plus élevé de sophistication dans notre rapport à la force impliquait d’abord de l’abandonner ? Et si la puissance véritable était d’abord une impuissance ?

Mouvoir la conscience

La forme interprétée par Yang Chengfu

Nous devons étudier la théorie du taijiquan et l’appliquer en tant que principes dans notre pratique. Sinon, nous ne faisons qu’en copier la surface et notre pratique manquera de profondeur.

Propos de Liu Wancang sur le taijiquan

Portrait de maître Liu Wancang

Le taijiquan de style Wu est largement connu pour sa légèreté et son agilité. Le contact des mains demande de la légèreté, comme si vous marchiez sur de la glace mince au début de l’hiver ; l’application de la moindre force, vous fera tomber dans l’eau, de ce fait vous devez être extrêmement attentif.

Les six niveaux de song

La main du professeur Cheng Man Ching

Dans le cadre des enseignements traditionnels de la famille Yang, 鬆 sōng est divisé en six niveaux. Chaque niveau dépend de celui qui le précède et inclut tous ceux qui le précèdent.
Il est important de comprendre que sōng est toujours une libération, et que les six niveaux de sōng sont des raffinements de ce seul principe.

Des sentiments

Cadre d'esprit - joyeux, porcelaine sur toile, Caroline Cheng

L’Ordre étrange des choses décrit comment, dans le cours d’une généalogie invisible, les émotions, les sentiments, le fonctionnement de l’esprit, mais aussi les formes les plus complexes de la culture et de l’organisation sociale, s’enracinent dans les organismes unicellulaires les plus anciens. L’analyse d’Antonio Damasio n’est pas sans entrer en résonance avec les anciennes pratiques taoïstes qui se fondent sur la mise en relation des émotions et des organes .

Différencier le yin du yang

Lettrés et taijitu, encre sur papier, chinois XVIIIe siècle

Dans tout notre corps, nous voulons que le yin et le yang soient clairement différenciés, mais c’est encore mieux lorsque nous pouvons avoir le yang (dur) et le yin (doux) qui s’entraident comme cela se fait lorsque les énergies sont maintenues de manière cyclique. Nous cherchons à éliminer les retournements brusques lors du passage d’une expression d’énergie à l’autre. Nous voulons éviter la dualité « combat ou fuite » et maintenir le potentiel du yin et du yang en continu, tout en différenciant clairement le yin du yang.

Mutations

Portrait de Chantal Maillard

Le dernier livre de Chantal Maillard, Las venas del dragón, nous propose de revoir nos modèles de pensée à partir des enseignements des trois courants de la sagesse chinoise : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme, afin d’y intégrer quelques problématiques qui pourraient être bénéfique non seulement pour chacun de nous, mais pour la société et la planète, comme une certaine éducation du caractère, une sagesse et une politique de l’habitat qui dépasse le discours écologique ou le besoin de silence et d’attention.

Entretenir la douceur

Vue sur la cascade, 1946, Fu Baoshi

Dans son Livre de la Voie et de la Vertu, Laozi a écrit : Sous le ciel, rien n’est plus doux et plus souple que l’eau. Alors pour attaquer le solide et le fort, rien n’est mieux, elle n’a pas d’égal. Il poursuit : Le faible peut surpasser le fort ; le souple peut surpasser le dur. Sous le ciel, tout le monde sait cela, cependant personne n’est capable de le mettre en pratique. … La vérité semble souvent contradictoire.