Le pas de Yu

Arpenter les étoiles de la Grande Ourse

Le Pas de Yu est la danse qui permet de canaliser et d’accueillir les forces des Esprits des Eaux et des Monts et, par conséquent, de favoriser la tombée modérée de la pluie afin de vaincre la sécheresse. La connexion avec les Esprits des Eaux et des Monts contribue également à intégrer en nous les propriétés des forces de ceux-ci : l’adaptation et la tempérance de notre comportement (Eaux), ainsi que la résistance et la force de persuasion face à toute épreuve de notre vie (Monts).

Les montagnes ne sont pas des montagnes

Qingyuan Weixin

Le moine bouddhiste Qingyuan Xingsi (660-740) affirmait qu’avant d’étudier le bouddhisme sous la conduite d’un bon maître les montagnes sont des montagnes et les eaux sont des eaux. Que, parvenu à une certaine vision intérieure de la vérité, les montagnes ne sont plus des montagnes et les eaux ne sont plus des eaux. Mais qu’une fois atteint l’asile du repos, de nouveau les montagnes sont des montagnes et les eaux sont des eaux.

Le tigre de la montagne

Le moine au tigre, David Livingston

Dans la pratique du kung-fu, le Tigre représente à la fois le printemps, la force et la bravoure chevaleresque. C’est une figure paradoxale, entre protection et attaque, et la dualité de cette symbolique se retrouve dans le taijiquan avec l’absorption (protection) et la restitution (attaque) de l’énergie adverse, pour pouvoir vaincre sans force. On peut alors chevaucher le Tigre et gravir la montagne, l’image d’un pouvoir apaisé des passions.

La représentation du paysage en Chine

Rouleau de paysage de berge, encre et couleur sur papier, Chen Tianbao (1950-)

Lorsque les peintres chinois travaillent sur la peinture shan shui, ils ne cherchent pas à présenter une image de ce qu’ils ont vu dans la nature, mais ce qu’ils ont pensé de la nature. Il n’est pas important que les couleurs et les formes peintes ressemblent exactement à l’objet réel, l’intention est de capturer, sur le papier, une conscience de la réalité intérieure et de l’intégralité, comme si la peinture coulait directement de l’esprit de l’artiste, à travers le pinceau, sur le papier.

Ballade en montagne

Maisons dans un paysage montagneux, encre et couleur sur papier, Pu Quan

新乐府·行山·岭

Le concert « Nouveau Palais de la musique – Parcours des montagnes » fait de l’esprit des monts et eaux traditionnels chinois un vecteur musical de communication avec le monde, il emprunte subtilement les procédés de représentation de la montagne (山 shān) de la peinture traditionnelle chinoise de paysage (山水画 shān shuǐ huà), évoquant l’ensemble thématique de l’album à travers les éléments versant, cime (岭 lǐng), pic, vallée, colline, arrière-montagne, marche en montagne (行山 xíng shān).

Les cinq musiciens issus d’horizons différents avec entre les mains des instruments confectionnés de matériaux naturels, unité de l’homme et de l’instrument, à travers notes musicales, mélodies, rythmes et timbres sonores spécifiques narrent l’histoire de deux voyageurs issus de contrées différentes au Moyen-Orient qui, d’étrangeté à familiarité avec le peuple montagnard autochtone, de méfiance à confiance, pénètrent en les montagnes luxuriantes à la découverte des pics mystérieux et sommets abrupts.

En Chine, l’œuvre est moins l’expression d’un génie individuel que participation au mouvement du cosmos, à cet ordre qui unit la terre, le ciel et l’homme, le 道 dào. Un même souffle de vie anime tous les êtres, pris dans le dynamisme des transformations (易 yì) incessantes dont le vide (虚 xū) est le lieu. C’est à ressaisir cet influx spirituel, ce rythme, que le peintre doit collaborer. L’inspiration est ce rare moment où la fusion avec la nature a lieu ; dès lors le pinceau va avec aisance se mettre en marche. Aucun labeur. La peinture, disent les Chinois, émane du cœur, 心 xīn.

On verra souvent dans les lavis de la dynastie Song le peintre, assis sur une terrasse promontoire devant un paysage ouvert largement ; au loin des pics montagneux perdus dans la brume ; dans la vallée, inaperçue mais entendue, la rivière, paysage se dit montagne et eaux,  山水 shān shu ; près du peintre un petit serviteur, fournira pinceau, encre et papier, une fois la contemplation du sage achevée.

Huit vues sur les montagnes jaunes

Huit vues des montagnes jaunes, 1681, Zheng Min (1633-1683)

Au XVIIe siècle, les peintres de l’Anhui ont commencé à exploiter les qualités particulières de l’album pour représenter les montagnes jaunes (黃山 huángshān), vue par vue, une feuille à la fois. Cet exemple, de l’artiste relativement peu connu Zheng Min, se classe parmi les meilleurs albums de Huangshan ; son originalité compositionnelle et son travail de pinceau subtil se déploient au fil d’un voyage en huit parties distinctes.

Les temples des montagnes de Wudang

Bâtiments anciens des montagnes de Wudang

Inscrits depuis 1994 au patrimoine mondial de l’UNESCO, les premiers temples des montagnes de Wudang datent de la dynastie des Tang, mais la plupart des bâtiments fut construit comme un ensemble sous la dynastie Ming. Les édifices des montagnes de Wudang témoignent d’un art et de techniques architecturaux remarquables et représentent l’apogée de l’architecture et de l’art chinois sur une période de près d’un millénaire.

Katsushika Hokusai

Le mont Fuji derrière des cerisiers en fleur, Katsushika Hokusai

Les Carnets de croquis par Hokusai (北斎漫画 Hokusai manga), publiée entre 1814 et 1878, est l’un des chefs-d’œuvre du livre illustré japonais de l’époque d’Edo

Huangshan

Le royaume gelé d’Avatar photographié par Daniel Kordan.

Pèlerinage en montagne

Retraite, photographie de Lydia Goetze

Ces images des monts Jaunes et des montagnes Wuling illustrent une étude commencée il y a plus de 1500 ans par les peintres chinois, souvent des dessins monochromes à l’encre et au pinceau. Intriguée par les différentes façons de montrer la distance, par la profonde influence du taoïsme et du bouddhisme Chan, ainsi que par la longue tradition de copie des maîtres, Lydia Goetze s’est rendu dans leurs montagnes pour relever le défi de voir et de photographier comme ils avaient peint.

Le royaume rêvé des immortels

Montagne jaune 1, 2014, Zeng Xiaojun

La Chine a une tradition picturale consacrée à représenter le monde des immortels. Les montagnes sacrées, inspirées de la tradition taoïste, sont au centre de ces expressions artistiques.