Traduction d’un article paru le 1 janvier 1963 dans la revue Taiwan Today donc du vivant de Cheng Man Ching. Taiwan Today est une relance du Taiwan Journal, un hebdomadaire de langue anglaise publiĂ© pour la première fois en 1964. Le combat qui opposa Cheng Man Ching Ă Robert Smith sert de prĂ©texte Ă dresser un portrait de Cheng Man Ching et du tai chichuan.
- Guérison attestée
- Le challenger
- Élimine l’oreille
- Un exercice idéal
- La puissance de la passivité
- De nombreuses histoires
Robert Smith a Ă©tĂ© battu. Le Chinois, petit et mince, en fin soixantaine, avait laissĂ© Robert lui frapper la poitrine, l’abdomen et mĂŞme les reins aussi fort qu’il le pouvait. Les Chinois n’ont fait que sourire et ont appelĂ© Ă des coups encore plus durs, mais Robert a abandonnĂ©. Il s’Ă©tait blessĂ© les articulations en essayant trop fort. Le vieil homme sourit largement, comme il l’avait fait tant de fois auparavant. Robert sourit tristement. C’Ă©tait la première fois qu’il Ă©tait battu par un homme qui n’avait pratiquement rien fait pour gagner.
Robert n’Ă©tait pas un homme faible. En fait, il Ă©tait très fort. De retour aux États-Unis, il fut entraĂ®neur de boxe. Il avait appris le judo au Japon, oĂą il avait obtenu la ceinture noire, troisième niveau, et il avait Ă©crit un livre Ă ce sujet. Il avait reçut un enseignement dans les systèmes Pai-kua, Shao-lin et Chin-na – l’Ă©cole difficile de la boxe chinoise qui se caractĂ©rise par l’usage de la la force et de la violence. Il pesait près de 90 kg, tout en os et en muscles.
Mais ce vieil homme Ă©tait un pratiquant de tai chi chuan qui tire son pouvoir et sa force de la respiration abdominale profonde et fonde son habiletĂ© dans la boxe sur le principe du cĂ©der. Il avait prouvĂ© que la force et l’action n’Ă©taient pas de taille face Ă la tranquillitĂ©, au naturel et Ă la flexibilitĂ©.
L’accent mis sur la relaxation a fait du tai chi chuan plus qu’un art de l’autodĂ©fense. Il est devenu rĂ©putĂ© pour ĂŞtre un excellent exercice pour atteindre la relaxation mentale par le mouvement physique.
Le pouvoir de la nature se trouve dans la grâce et la facilitĂ©, disent les exposants du tai chi chuan. En chinois, taichi signifie «L’ultime», la raison d’ĂŞtre de tous les ĂŞtres et la quintessence de la vie.
Un principe si compliquĂ© et pourtant si simple n’est pas facile Ă conceptualiser. Cela diffère de ce que nous sommes amenĂ©s Ă croire. La santĂ© et la force ne se trouvent pas dans les biceps bombĂ©s et les muscles durs. Un jeune bĂ»cheron peut ĂŞtre vaincu par un Ă©rudit âgĂ©. Faire le premier pas peut nous conduire Ă perdre.
Tout cela doit être vu pour être cru. Même alors, il est facile de soupçonner que cela puisse être des foutaises.
Ă€ Taiwan aujourd’hui, le meilleur homme pour rĂ©futer cela est le professeur Cheng Man-ching, un universitaire chinois de 61 ans qui est un maĂ®tre de tai chi chuan depuis plus de 30 ans. Il est l’un des meilleurs disciples de Yang Cheng-fu, la rĂ©fĂ©rence en son temps.
Le nom de Yang Cheng-fu peut ne rien signifier pour ceux qui ne connaissent rien Ă la boxe chinoise. Mais dans les annales du pugilisme chinois, il Ă©tait parmi les plus illustres. Ses exploits de pugiliste sont devenus des lĂ©gendes. Il Ă©tait connu pour maĂ®triser son adversaire avant mĂŞme d’avoir Ă©tĂ© touchĂ©.
Chen Manching n’aurait pas appris le tai chi chuan orthodoxe de Yang Chengfu sans la rĂ©volution de 1911 qui avait renversĂ© la dynastie mandchoue. Yang avait Ă©tĂ© instructeur Ă la cour impĂ©riale, un poste, Ă l’Ă©poque, très prestigieux pour tout pugiliste. Son enseignement Ă©tait accaparĂ© par les princes et les membres des familles royales. La rĂ©volution l’a rendu sans emploi mais cela lui a aussi donnĂ© l’occasion d’enseigner aux gens du commun. Sa renommĂ©e s’est alors rĂ©pandue au loin.
Cheng Ă cette Ă©poque Ă©tait un jeune homme faible qui ne s’Ă©tait distinguĂ© que dans la pratique chinoise de la mĂ©decine des herbes. Mais il souffrait de tuberculose, que ses herbes n’avaient pas rĂ©ussi Ă guĂ©rir. Il crachait du sang et avait de la fièvre dans l’après-midi. Les troubles peptiques l’avait encore plus Ă©nervĂ©. Il Ă©tait si faible qu’il ne pouvait pas dormir la nuit s’il avait marchĂ© plus de cent pas pendant la journĂ©e. Il avait pratiquement abandonnĂ© son cas comme dĂ©sespĂ©rĂ©.
Yang Chengfu ne prenait pas facilement de disciple. En tant que médecin bien connu, Cheng fut un jour été invité à soigner Mme Yang, qui était gravement malade. Le diagnostic fut brillant et Mme Yang se remit rapidement. Par gratitude et impressionné par le talent de Cheng, Yang Chengfu lui enseigna les secrets du tai chi chuan. Il fallu sept ans à Cheng pour tous les apprendre et être autonome.